Dès lors, sans délaisser pour autant ses autres activités, il se plia au métier d’écrivain, avec la promptitude et la vigueur qu’il apportait en chacune de ses entreprises, et cette sorte d’habileté artisane qui lui avait permis d’apprendre dans sa jeunesse tant d’autres métiers. Son oeuvre fut écrite dans des conditions souvent difficiles et dans les lieux les plus divers. A mesure qu’elle s’élaborait, il en faisait lire à haut voix des passages, puis les remaniait.
Quelques années plus tard, quand G. Gurdjieff eut achevé sa tâche, ce n’est pas un seul mais toute une série de livres qu’il avait écrits. Il intitula cet ensemble monumental : « Du tout et de tout »; « Récits de Belzébuth à son petit-fils » en constituent la première partie.
Ce livre a déjà sa légende. Son caractère insolite a pu faire dire qu’il ne serait jamais publié. Pourtant, en 1948, un an avant sa mort, G. Gurdjieff en faisait préparer l’édition en plusieurs langues. En 1950, il paraissait simultanément en Amérique, en Angleterre et en Autriche. Sa publication est donc un évenément depuis longtemps attendu en France.
C’est aussi un évenément humain, car ce livre s’adresse à tous ceux qui portent en eux des questions fondamentales auxquelles ni la science ni la philosophie modernes ne leur a paru fournir de réponse. Pour ceux-là, ce livre sera une aventure, une aventure difficile, certes, en terre inconnue, semée d’embûches, mais la plus grande des aventures si elle éveille en eux le désir de la vivre.